Comment faire rimer voyage et troubles du comportement-#148
Comment Instagram influence notre façon de voyager
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Comment faire rimer voyage et troubles du comportement #podcast 148

Bienvenue dans ce nouvel épisode avec un sujet totalement inédit dans le podcast : voyager avec un enfant qui a des troubles du comportement. Lorsqu’on écoute les familles de voyageurs ou lorsqu’on les suit sur les réseaux sociaux, on a toujours l’impression que tout est formidable et facile. Mais est-ce qu’on peut partir en voyage avec une fratrie qui ne s’entend pas à merveille ?

Rose, que vous connaissez peut-être sous le nom de @bibifamilytrip, a 41 ans. Avec Jean-Yves, ils ont trois enfants de 10, 8 et 5 ans. Rose, backpackeuse depuis ses études, est « piquée du voyage » comme elle se décrit elle-même. L’aventure continue aujourd’hui en famille ! En effet, explorer le monde est vital pour elle, le plus souvent en road-trip sac-à-dos. En 2023, ils ont voyagé 3 mois en Amérique du Sud.

Loan, le cadet de la fratrie, présente plusieurs troubles du comportement qui impactent nécessairement la vie de la famille, au quotidien bien sûr, mais également en voyage. Sans filtre mais avec beaucoup de pudeur, d’humilité et de sincérité, Rose nous invite à découvrir comment elle parvient à faire rimer voyage et troubles du comportement.

Cet épisode est la suite de mon interview avec Rose. Dans le précédent, nous évoquions Instagram et comment ce réseau social influence notre façon de voyager. Et nous avions conclu l’épisode en évoquant précisément ces familles où tout semble être plus beau et plus simple. Rose nous explique ici que, non, tout n’est pas parfait mais que, oui, le voyage avec un enfant qui a des troubles du comportement est possible.

De quels troubles souffre le fils de Rose ?

Loan a 8 ans et cela fait plusieurs années qu’il est suivi par des spécialistes. Beaucoup d’étiquettes ont été posées au cours des années sans pour autant avoir un diagnostic précis et définitif. Je vous retranscris ici les mots que Rose a utilisés pour décrire son fils :

« C’est un enfant hypersensible, il ressent tout très très fort. Il vit un tsunami d’émotions au quotidien. Il est très très colérique. Quand il ne veut pas faire quelque chose, il ne le fait pas ; quand il veut faire quelque chose, personne ne peut l’en empêcher.

Il est par ailleurs très empathique, très impliqué par la misère du monde. C’est le justicier de la classe. Il est très vite débordé par ses émotions ce qui est compliqué à gérer au quotidien. C’est très intense. Il est très curieux, il capte tout très vite. Il a une très bonne compréhension de ce qui l’entoure de ce qu’on lui dit mais c’est complètement voilé par ses émotions.

Il est très ritualisé, il range, il ordonne, il a besoin de connaître l’heure en permanence, il répète les choses en boucle. Il ne passe jamais inaperçu. Il se fait remarquer, il dénote. Il a des questions très pertinentes sur son âge et à la fois des réactions très exacerbées sur d’autres choses. Il n’a aucune tolérance à l’échec.

Il est aussi hypersensible tactile, il ne supporte pas toutes les matières, les étiquettes, etc.

C’est un amour cet enfant. Il est très câlin, très attentif, il a toujours envie de bien faire, d’aider. Il est bourré de qualités. Il est très attachant. »

Tous ces comportements mis bout à bout chez un enfant demandent une adaptation constante de la part des parents, mais aussi de la part de sa soeur et son frère. Rose explique qu’avec sa grande soeur, ils n’ont que 20 mois d’écart donc, très vite, on lui a dit qu’il fallait qu’elle soit grande. Ce qui n’est pas facile pour elle. Que lui reste-t-il, à part réussir et ne pas faire de vague ?

Comment Instagram influence notre façon de voyager

Comment cela se transpose-t-il dans le voyage ?

Rose nous l’a dit dans le précédent épisode : elle a besoin de voyager pour vivre. Mais pour Loan, ce n’est pas facile de changer d’environnement et encore moins en road-trip. En effet, en voyage, il est constamment bousculé dans ses rituels et son anxiété est mise à rude épreuve.

Rose et Jean-Yves surveillent leur fils comme l’huile sur le feu. S’il se mettait en danger quand il était plus petit, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Il a la capacité d’analyser très vite des situations et de savoir s’il peut y aller ou non. En revanche, le danger vient plutôt du petit frère qui suit son aîné sans se rendre compte des potentiels dangers.

Alors, en voyage, ils mettent des pare-feu autant que possible. Ils essayent également de respecter ses besoins autant que possible. Par exemple, ils ne font plus de voyage avec seulement une ou deux nuits par endroit. C’était un enfer. Ils restent plutôt 4 à 5 nuits par endroit quitte à faire 2h de route et de voyager en étoile autour d’un point de chute. Si jamais, ils doivent rester moins, ils préviennent Loan largement à l’avance pour qu’il s’y prépare.

Dans chaque hébergement, il choisit sa place, il a sa veilleuse comme d’habitude, les parents savent où mettre son pyjama. Ce qui est difficile pour lui, c’est également de gérer la promiscuité, d’être ensemble H24. Alors, parfois, ils font en sorte qu’il ait sa propre chambre. Ils essayent de s’adapter autant qu’il en a besoin mais c’est parfois insuffisant. Les rituels sont tellement forts. Mais le rituel du coucher est respecté partout, où qu’ils soient.

La maîtrise de l’heure étant très importante pour Loan, il faut trouver des astuces pour qu’il se sente en sécurité, notamment pour les repas. Il a besoin de savoir à quelle heure ils vont manger. Mais ce n’est pas toujours simple de savoir cela à l’avance lorsqu’on voyage ! Alors, nous dit Rose, l’essentiel est de toujours avoir un truc à grignoter !! Comme ça, quand vient l’heure, ils peuvent manger même si ce n’est pas le vrai repas.

Est-ce possible de partir au long cours ?

Rose et Jean-Yves avaient le projet de partir un an. Pour des raisons professionnelles, le projet avait été réduit à 6 mois puis finalement 3 mois. Ils ont voyagé en Amérique du Sud en 2023.

Si au départ, c’était un peu difficile à accepter pour Rose, finalement, c’était un mal pour un bien. En effet, au bout de 3 mois, Loan était à saturation. En tout cas, les parents étaient à saturation. Et souvent, leur état émotionnel n’est que le reflet du sien. La famille ne prenait plus autant de plaisir.

Voyage et troubles du comportement

Comment parler de cette vie de famille avec des contraintes peu abordées ?

Nous faisons le lien avec le premier épisode enregistrer avec Rose au sujet d’Instagram. Sur les réseaux, c’est difficile d’exprimer tout cela parce qu’au moment où on pourrait en ressentir le besoin, c’est que ça ne va pas. C’est déjà trop tard et seul du négatif en ressortirait. Mais pourtant, il y a beaucoup de positif aussi !

Par exemple, Loan est très sensible à la mendicité, aux SDF. Une fois au Brésil, il est allé demander à la dame du restaurant qu’elle lui donne une boîte pour qu’ils puissent y mettre leurs restes de repas. Il y est allé de lui-même sans parler un mot de Portugais. Il avait repéré sur les chemin des personnes dans le besoin et savait qu’il fallait leur donner.

Pourquoi continuer à voyager malgré tout ?

Rose nous confie qu’elle n’a jamais pensé à renoncer à voyager. Mais la question qui pourrait se poser, c’est plutôt celle de partir sans Loan.

C’est arrivé une fois, pour un voyage à Malte, en 2021. Loan n’avait pas reçu son passeport à temps. La question s’était alors posée de ne pas partir mais finalement, ce sont les parents de Rose qui l’ont gardé pendant 10 jours.

Avant cela, il n’était jamais parti en vacances seul chez ses grands-parents. Et tout s’est très bien passé. Il a passé les meilleures vacances de sa vie. Ses grands-parents se sont beaucoup occupés de lui avec un rythme qui lui convenait parfaitement avec des horaires et des rituels. Ils n’ont pas à lui dire non.

Ils n’ont pas encore franchi le pas de reproduire cette expérience, tout simplement parce qu’ils ont besoin d’avoir leur fils avec eux. Et d’une certaine manière, ils ont besoin de le bousculer, de lui dire que la vie n’est pas aussi ritualisée que ça. Il s’enrichit aussi de ça !

Loan, lui, est partagé. Mamie fait tout mieux que maman, bien sûr ! Mais, sur une plus longue période que des vacances de 10 jours, il a besoin et envie d’être avec sa famille. Et il ne veut pas s’exclure d’une expérience familiale qu’il ne pourrait pas partager au retour… Sans compter que Papi et Mamie l’ont pris 10 jours, ils ne le prendraient pas 3 mois… Et on ne peut pas leur en vouloir !

En tout cas, cela remet en question les voyages au long cours. Si trois mois, c’est le maximum pour Loan, ils feront des projets sur cette durée-là. L’idée est de pouvoir reproduire ce schéma, peut-être tous les 5 ans.

Qu’est-ce que le voyage lui apporte, à lui en particulier ?

Rose nous explique que Loan n’a pas la même envie de partir que sa soeur ou son frère. Sa grande soeur est très aventurière et est toujours partante. Le petit est insouciant et rigole tout le temps. Loan, lui, a besoin de savoir ce qu’il va faire.

Les rencontres animales, la nature grandiose s’imprègnent en lui. Il se souvient des grandes émotions : les baleines, quand il a eu très très froid, quand il a eu le mal des montagnes. Il retranscrit des moments où il a vécu de grandes émotions et c’est parfois complètement déconnecté des moments que retiennent les autres membres de la famille.

Au-delà des rituels pour lesquels ils ne sont pas sûrs que le voyage améliore les choses, c’est plutôt au niveau des interactions avec les autres qu’ils voient des améliorations. En voyage, il y a tellement de gens qui l’ont pris sous leur aile, qui lui ont expliqué des choses qu’il se rend compte des bienfaits d’entrer en contact avec les autres.

Est-ce que c’est grâce aux voyages ? Peut-être, sans doute, même si c’est difficile de le savoir. Est-ce que c’est le travail de l’école, est-ce que c’est parce qu’il grandit, est-ce que c’est les suivis psychologiques ? Probablement un peu de tout ça !

Voyage et troubles du comportement

Comment ça se passe avec les locaux ?

Loan est un garçon avenant, doux, qui veut aider et bien faire. Tous les locaux l’ont toujours pris sous leur aile. Avec les guides, cela se passe toujours très bien parce que Loan pose plein de questions, écoute les réponses, rebondit. Il est toujours très intéressé et donc intéressant pour les guides !

Il a des qualités incroyables, il est à l’écoute, il a des qualités d’attention et de don de soi. Il n’y a pas de colère à proprement parler à relever dans un contexte de voyage.

Les gens donnent toujours un avis très positif de Loan. Il ne se confronte pas aux autres de la même manière qu’il le fait avec ses parents…

Que dire aux parents d’enfants porteurs de troubles qui hésitent à partir en voyage en famille ?

C’est possible mais il faut que ce soit une vraie envie de voyager et pas juste un rêve qu’on a vu sur Instagram.

Dans la majorité des cas, le besoin primordial d’un enfant, ce sont ses parents. Si on connaît bien son enfant, on va réussir à reconstruire un environnement qui lui convient. Si on arrive à gérer le quotidien, on réussira à gérer le voyage !

Rose met tout de même en garde : il ne faut pas zyeuter le voyage des autres. Si partir un an ne convient pas au schéma familial, eh bien, il ne faut pas le faire ! Chacun voit midi à sa porte. 🤷‍♀️ Cela demande aux parents de rester souples. On ne pourra pas cocher toutes les cases mais on ne peut pas faire porter aux enfants le poids de ce qu’on n’a pas fait. Et en tant que parents, comme dans la vie quotidienne, cela demande de parfois mettre ses propres besoins de côté…

Le voyage fait grandir les enfants, les fait évoluer mais pour autant, ce n’est pas une baguette magique… Au moment du voyage, ils sont les mêmes que ceux qu’on a à la maison juste avant le départ !

♥♥♥ Flo & co ♥♥♥

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Voyage et troubles du comportement
Comment faire rimer voyage et troubles du comportement | Crédit photo : Rose

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